Histoire de Ferrensac

Le village de Ferrensac conserve de riches vestiges archéologiques, témoins de son passé très ancien. Aux Rouchoux, les traces d’une ancienne voie romaine attestent de la colonisation des lieux dès l’Antiquité.

La paroisse de Saint-Étienne-de-Ferrensac est mentionnée dès 1266 mais son histoire est plus ancienne. Ainsi, d’après les traces d’un tumulus sur lequel est construite une gentilhommière, le premier noyau du village semble remonter au haut Moyen Âge. D’autre part, l’étymologie du lieu-dit Rouchoux indique qu’un château fort est construit à cet endroit. En effet, le terme fait référence à une montagne rocheuse, qui désigne en réalité une motte féodale.

L’histoire du village est essentiellement liée à celle des grands propriétaires nobles qui se succèdent au fil des siècles. Au Moyen Âge, Ferrensac dépend du fief des Alphéry puis devient propriété des Belcastel.

En 1259, la bastide de Castillonnès est fondée et la paroisse de Ferrensac est aussitôt placée sous sa juridiction. Du point de vue religieux, elle dépend de l’évêché de Sarlat jusqu’à la Révolution.

En 1825, la commune de Saint-Martin-Transfort est rattachée à celle de Ferrensac, ce qui accroit considérablement sa population

La chapelle St-Martin

Chapelle

Petite église de St-Martin-Transfort, citée dès 1153, cette minuscule paroisse faisait partie du diocèse de Sarlat en 1789. Eglise modeste construite avec des matériaux les plus proches, essentiellement des blocs en gros appareil régulier, de tuf gréseux et friable de la butte a toujours été fragile, restaurée à différentes époques en particulier au XVIII ème (1715), la cloche date de 1707.

Au début du XX eme, on ne disait plus la messe que deux fois par an et elle sera annexée à Ferrensac définitivement en 1825. Abandonnée dans un site pittoresque mais peu accessible, l’église verra ses murs se lézarder dangereusement et sa toiture s’effondrer en 1970. Aujourd’hui elle est en cours de réhabilitation avec déjà une reconstruction bien avancée.

Longtemps privée, elle fut donnée à la Commune de Ferrensac par son dernier propriétaire vers 2005.

Le mamelon où se trouve l’église de St-Martin fut un « castrum » romain. La voie romaine reliait Agen à Périgueux et passait au pied de St-Martin-Transfort, on trouve encore dans le pays des parties de cette voie bien conservées, elle est appelée « la Caussado ».

NB : la réalité du Castrum et du chef romain n’est pas avéré mais pas contre la voie romaine passait bien a 1 km plus au nord de St Martin qui la domine.

L’oppidum de St-Martin-Transfort, est une butte remaniée par les Gaulois qui y construisirent un oppidum, par suite de mouvements de terrains les constructions sommaires de la forteresse celtique se sont écroulées car édifiées en pierres sèches.

Des fouilles plus approfondies permettraient d’affirmer que la butte fut habitée car on a recueilli des objets le faisant penser.

A la fin du siècle dernier, un souterrain (cluzeau) a été découvert à St-Martin Transport. Caractère unique dans la région à cause des « refuges souterrains » qu’elle referme. Refuge creusé dans le tuf qui faisait certainement partie de l’oppidum primitif ; mais il a été occupé à diverses époques, à chaque fois que la population voulait se soustraire aux cruautés de l’ennemi. Il y a huit pièces réunies par des couloirs qui forment cet abri. Des hommes d’armes ont occupé cet abri pendant la Guerre de Cent ans, car on a retrouvé une arbalète et des squelettes. Il reste même dans son état actuel un des « oppidum-refuge » le plus intéressant du pays. (Archives municipales de Villeneuve sur lot).

Le Château de Lamothe

Chateau

La tradition orale voudrait que la tour circulaire du château ait été construite en l’an mil, mais elle est certainement moins ancienne.

Le premier château est recensé parmi les biens d’Arnaud Alphéry en 1492. Le nom de Lamothe peut avoir des origines différentes.

Lamothe est souvent utilisé pour évoquer un ancien château féodal érigé sur un tertre. Pourtant, l’édifice dont il est ici question se trouve sur un terrain plat. Il est alors possible que l’origine de son nom vienne de son propriétaire autrefois surnommé “Seigneur de La Mote”. Il fait référence à la Mote Guérie, berceau de la famille des Alphéry situé à Saint-Dizier.

En 1609, le dernier descendant de la lignée mâle s’éteint. Le château passe alors entre les mains de la famille Belcastel.

Au XVIIIe siècle, il est rebâti pour devenir le manoir que l’on connaît. L’ordonnance des ouvertures de sa façade sur cour rappelle celle des chartreuses du canton comme à Douzains et Cavarc.

Comme dans l’architecture des chartreuses, le nouveau château se compose d’un logis flanqué de deux ailes carrées en avant-corps. Des éléments de l’ancien château ont été conservés comme la grosse tour circulaire précédemment évoquée. En 1841, l’ensemble de la propriété abrite jusqu’à vingt-trois personnes.

Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le château appartient aux comtes de Gironde, puis passe par héritage sous la propriété des actuels occupants.

Gaston de Gironde, Né à Lamothe le 3 avril 1873 – mort le 10 septembre 1914

Gaston de Gironde, Commandant du 2ème Escadron du 16ème Dragons envoyé en reconnaissance au milieu de lignes allemandes fit dans la nuit du 10 sept 1914 une attaque héroïque contre un convoi d’aéroplanes qu’il détruisit.

Ce combat mineur est resté célèbre par sa symbolique : le baroud d’honneur de l’arme du passé, la cavalerie, contre l’aviation, fer de lance des armées modernes.

Bertrand de Langsdorff

La place du village rend hommage à Bertrand de Langsdorff, qui habita à Lamothe, et qui fut maire de Ferrensac pendant 36 ans.

L’église St-Etienne

Eglise photo

L’église de Ferrensac, dédiée à saint Étienne, premier martyr chrétien, est entièrement remaniée au XIXe siècle.

L’entrée de l’église se fait par le clocher particulièrement imposant couronné d’un toit pentu abritant deux cloches. La première sert exclusivement à annoncer le catéchisme. La seconde est fondue en 1729 et parrainée par le comte de Gironde, ancien propriétaire du château de Lamothe.

L’édifice s’organise autour d’une nef divisée en quatre travées. Il se compose d’un vaisseau central bordé de deux couloirs qui desservent des chapelles latérales. Celles-ci reçoivent depuis plusieurs siècles les sépultures des riches familles du village, comme les comtes de Gironde.

Suite à la fusion de Ferrensac avec Saint-Martin-Transfort en 1825, la paroisse s’agrandit considérablement. L’église Saint-Étienne, seule à garder la cure, doit alors s’adapter.

Tous les voûtements de la nef et des collatéraux sont ainsi aménagés en 1880. La chapelle Saint-Étienne est démolie et remplacée par une chapelle dédiée à saint Joseph. Son ancien autel de marbre noir et blanc de style Renaissance y est transféré. Le chœur de l’église est occupé par un autel de bois, acheté en 1860 à l’église de Castillonnès.

Le “tabernacle, bois polychrome et doré du 17e s.” est inscrit au titre des monuments historiques.

Ci-après un fait divers peu banal :

Arrêté de l’Administration du département du Lot et Garonne, relatif aux Troubles suscités par le Fanatisme dans la Commune de Ferrensac, district de Lauzun. Séance du 13 Floréal An III

Le 21 février 1795, la Convention autorisa à nouveau la liberté du culte public ; mais uniquement dans les édifices que les prêtres et les fidèles devraient trouver par leurs propres moyens, les églises restant Biens Nationaux susceptibles d’être vendus. Mais si la bourgeoisie dirigeante imprégnée d’une politique anticléricale fort intolérante, ce n’était pas le souhait des populations rurales, où, les femmes surtout avaient souvent mal pris les persécutions contre les curés de village généralement estimés et souffraient de l’absence de messe et de sacrements en particulier lors des baptêmes et des funérailles. La Terreur ayant cessé, le mécontentement paysan se manifestera avec plus de force. Les troubles de Ferrensac en sont un témoignage. Le 26 avril 1795 une cinquantaine de femmes, s’assemblèrent dans le bourg de Ferrensac dans le but de s’emparer de l’église transformée en Temple de la Raison. Elles disaient vouloir un curé et envisageaient de s’emparer de la maison presbytérale et du bien-fonds qui en dépendait, bien que ce lopin de terre eût été déjà vendu au profit de la République. La porte de l’église s’étant trouvée ouverte, les manifestantes y pénétrèrent en masse, et se mirent à sonner les cloches, poursuivant ce signal d’alarme tout l’après-midi. S’enhardissant dans leur colère, elles se rendirent chez Mr Réservat, chez qui on avait placé l’autel de l’église, vendu quelques jours auparavant avec tout le mobilier, comme bien national, à un particulier. Elles enfoncèrent donc la porte de la maison, saisirent l’autel de vive force et allèrent le replacer à sa place habituelle, avec l’aide de quelques hommes. Ayant appris que le Maire s’était rendu à Saint-Dizier pour affaires particulières, ces enragées l’y rejoignirent. Elles le trouvent en compagnie d’un de ses conseillers, les prenant par le collet, les ramènent à Ferrensac pour être témoins de la prise de possession de l’église et de tout ce qui appartenait au curé Beton, déporté comme prêtre réfractaire. Contraints et forcés, le Maire et son Officier Municipal se rendirent le soir à Ferrensac. Les manifestantes étant rentrées chez elles, après leur victoire apparente, ils dressèrent un procès-verbal qu’ils adressèrent au Directoire du District de Lauzun, ajoutant à leur rapport d’après les renseignements recueillis, un semblable rassemblement se préparait pour la semaine suivante sur la commune de St-Martin-Transfort. Le District requiert immédiatement la gendarmerie de Castillonnès pour sortir l’autel de l’église et invita la Municipalité de Castillonnes à se tenir prête pour prêter main-forte au cas où d’autres rassemblements se multiplieraient. On n’osa pas prendre de sanctions, on rappellera aux habitants de Ferrensac que les décrets de la Convention du 3 Ventôse permettraient et maintenaient la liberté religieuse. Mais l’administration d’Agen craignant que d’autres rassemblements séditieux se multiplient confirmait les mesures prises par Lauzun, mais condamnait aussi les faiblesses de la municipalité de Ferrensac rappelée à ses devoirs et applaudissait à la prévoyance du procureur de la Commune de Martin qui avait prévenu l’administration. Cet arrêté sous forme d’affiche sera placardé à Castillonnès et à Ferrensac. Des incidents analogues eurent lieu dans le pays à Rives, Mazières et Monsempron. A la fin du mois de mai, la Convention restituait les églises aux fidèles.